La hiérarchie syndicale reste stable, mais le paysage évolue
La Direction générale du travail a dévoilé, le 8 avril 2025, les résultats de la quatrième mesure quadriennale de la représentativité syndicale dans le secteur privé. Sans grande surprise, les cinq grandes confédérations syndicales restent représentatives au niveau national et interprofessionnel :
- CFDT (26,58 %),
- CGT (22,21 %),
- FO (14,91 %),
- CFE-CGC (12,95 %),
- CFTC (9,58 %).
La CFDT confirme sa position de leader pour la troisième fois consécutive, malgré un léger recul. La CGT, bien que toujours deuxième, continue de perdre du terrain. FO conserve sa troisième place, mais la CFE-CGC se rapproche, profitant d’un dynamisme auprès des cadres, techniciens et agents de maîtrise.

En revanche, l’UNSA (6,45 %) et Solidaires (3,75 %) progressent légèrement mais ne franchissent toujours pas le seuil de 8 % requis pour être représentatifs. Le scrutin TPE, pourtant favorable à la CGT, ne suffit pas à inverser cette tendance globale.
Des enjeux stratégiques pour les négociations collectives
Seules les organisations syndicales représentatives peuvent négocier et signer des accords collectifs au niveau national et interprofessionnel (ANI). À ce titre, la CFDT, avec 30,83 % des suffrages pondérés, peut conclure seule un ANI, sous réserve qu'aucune opposition ne dépasse 50 % du poids syndical total.
Ce poids dans la négociation collective confère un levier stratégique considérable aux syndicats représentatifs, notamment en vue des prochains congrès syndicaux de 2026.
Une participation électorale en déclin
Une baisse continue du taux de participation aux élections est constatée :
- 36,51 % au global,
- En forte chute dans le scrutin TPE (4,07 %),
- Mais en légère hausse dans les élections CSE en entreprise (58,8 %).
Malgré une mobilisation sociale importante en 2023, notamment contre la réforme des retraites, cette dynamique ne s’est pas traduite dans les urnes. Plusieurs organisations pointent la nécessité de repenser le mode de mesure de la représentativité.

Côté patronal : statu quo chez les représentants des employeurs
Du côté des organisations patronales, le triptyque Medef, CPME et U2P reste inchangé :
- Medef domine en nombre de salariés représentés (63,42 %),
- CPME reste en tête sur le nombre d'entreprises (39,66 %),
- U2P complète le trio avec 4,53 % des salariés représentés.
La représentativité patronale reste un enjeu majeur pour la gouvernance des instances paritaires, notamment en matière de formation, de protection sociale complémentaire et d'emploi.
Pourquoi la représentativité syndicale est essentielle pour les entreprises et les salariés ?
Avoir des syndicats représentatifs dans l’entreprise est un gage de dialogue social efficace. En tant qu’interlocuteurs légitimes, ces syndicats peuvent négocier des accords collectifs, porter la voix des salariés et contribuer à améliorer les conditions de travail. Leur représentativité permet de s’assurer que les accords conclus répondent à une véritable expression démocratique des salariés. Cela renforce également la stabilité sociale de l’entreprise et facilite la gestion des mutations économiques ou technologiques. En somme, un syndicat représentatif est un acteur clé du climat social, de la qualité de vie au travail et de la performance collective.

Conclusion : un paysage syndical figé mais en mutation silencieuse
Si la hiérarchie des grandes confédérations syndicales reste stable, on observe des évolutions lentes mais significatives : montée de la CFE-CGC, progression timide de l’UNSA et de Solidaires, et un désintérêt croissant des salariés pour les élections professionnelles, malgré leur importance pour la démocratie sociale.
Pour les membres de CSE et représentants du personnel, il est essentiel de comprendre ces dynamiques car elles influencent directement les marges de manœuvre dans la négociation collective. Le rôle des élus dans la sensibilisation des salariés à ces enjeux est plus crucial que jamais.
Didier FORNO
Expert CSE
CEOLIS
Publié le 22/04/2025