Introduction
Depuis plusieurs années, on observe en France une transformation profonde du monde professionnel : le collectif de travail se délite, fragilisé par une montée de l’individualisme. Ce phénomène, amplifié par le télétravail, l’organisation par objectifs ou encore la précarité des statuts, bouleverse la dynamique des équipes et le rôle des élus du CSE.
Comment expliquer ce glissement ? Pourquoi est-ce préoccupant ? Et surtout, que peuvent faire les représentants du personnel pour recréer du lien ? Éléments de réponse.

Le collectif de travail : un pilier souvent invisible mais essentiel
Le collectif de travail, ce n’est pas seulement des salariés réunis dans une même entreprise. C’est un espace d’échange, d’entraide, de partage de compétences et de régulation. Il permet d’apprendre ensemble, de se soutenir, de faire face aux imprévus.
Quand il fonctionne bien, il renforce :
En somme, un bon collectif, c’est un moteur silencieux de performance… et de bien-être.
Individualisme au travail : un symptôme de l’évolution des organisations
L’essor de l’individualisme professionnel n’est pas un simple changement d’attitude : il est souvent la conséquence directe de choix organisationnels.
Parmi les causes identifiées :
- La digitalisation et le télétravail, qui limitent les échanges informels ;
- Des objectifs individualisés, qui renforcent la compétition plutôt que la coopération ;
- Une multiplication des statuts (CDI, CDD, intérim, freelance…) qui morcelle les collectifs ;
- Un affaiblissement du dialogue social et des corps intermédiaires.
Ce repli sur soi entraîne isolement, désengagement, et parfois souffrance au travail.

Le rôle clé du CSE pour restaurer le collectif
Face à ce constat, les élus du CSE peuvent (et doivent) agir pour recréer du lien social dans l’entreprise. Voici quelques pistes concrètes :
- Encourager les temps d’échange
- Moments conviviaux, réunions informelles, cafés d’équipe…
- Espaces de parole pour exprimer les tensions ou les réussites collectives.
- Renforcer la prévention des risques psychosociaux
- Identifier les signaux faibles d’isolement ou de mal-être,
- Travailler avec la médecine du travail et les RH sur des dispositifs de soutien.
- Porter la voix du collectif
- Promouvoir des formes d’organisation plus collaboratives,
- Défendre une reconnaissance du travail d’équipe, et non uniquement individuelle.
Le CSE peut devenir un véritable acteur de la cohésion dans l’entreprise.
Conclusion : reconstruire le collectif, une mission d’intérêt commun
L’individualisme au travail n’est pas une fatalité. Derrière ce phénomène, il y a des logiques économiques et organisationnelles que l’on peut questionner.
Les représentants du personnel ont un rôle stratégique à jouer pour préserver le collectif, garantir un bon climat social, et redonner du sens au travail.
Revaloriser le collectif, c’est prendre soin des salariés, mais aussi de la performance globale de l’entreprise.
Didier FORNO
Expert-comptable du CSE
CEOLIS
Mots clés :
Collectif de travail, individualisme en entreprise, CSE, représentants du personnel, cohésion d’équipe, qualité de vie au travail, risques psychosociaux, dialogue social, isolement des salariés, télétravail, organisation du travail, performance collective.

Publié le 15/04/2025