Le stress numérique, aussi appelé surconnexion ou pénibilité numérique, est un phénomène de plus en plus courant dans le monde du travail. Il résulte d'une utilisation excessive et non contrôlée des technologies numériques, qui peut entraîner une surcharge d'informations, une pression constante pour être toujours disponible et une difficulté à déconnecter du travail. Pour les élus du Comité Social et Économique (CSE), il est crucial de comprendre ce problème et de proposer à l’employeur des mesures pour le combattre.
L'essor des outils numériques au travail : Pourquoi et comment ?
L'adoption massive des outils numériques dans le monde du travail est un phénomène qui s'est accéléré ces dernières années. Selon une étude de McKinsey, 85% des entreprises ont accéléré leur digitalisation en réponse à la pandémie de COVID-19. Les raisons de cette montée en puissance sont multiples.
Tout d'abord, les outils numériques permettent d'améliorer l'efficacité et la productivité. Ils facilitent la communication, la collaboration, la gestion de projets, le partage d'informations, etc. Ils permettent également de travailler à distance. Depuis la pandémie de la Covid-19, le télétravail s’est généralisé.
Cependant, cette adoption massive des outils numériques a également des conséquences. Selon une enquête de l'ANACT (Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail), 56% des salariés français estiment que le numérique a augmenté leur charge de travail et 37% pensent qu'il a augmenté leur stress.
Ces chiffres soulignent l'importance de mettre en place des mesures pour gérer le stress numérique et garantir le bien-être des employés à l'ère du numérique.
Comprendre le stress numérique
Le stress numérique se manifeste quand la quantité d’informations disponibles que le salarié doit traiter dépasse sa capacité. Ce stress numérique est également appelé « infobésité », « pénibilité numérique » ou « technostress ».
On parle de surcharge mentale. Le salarié « zappe » d’une source d’information à l’autre et il a le sentiment de « perdre le contrôle ».
Le stress numérique peut se manifester de différentes manières : fatigue, irritabilité, troubles du sommeil, difficultés de concentration, sentiment d'isolement, etc. Il peut également avoir des conséquences sur la productivité et l'engagement des employés, et à long terme, sur leur santé mentale et physique. Une situation de stress dont la forme extrême est le burn-out.
Pour William Dab, épidémiologiste, on est peut-être en train d'atteindre un seuil de toxicité. Mais, « nous pouvons agir », assure le spécialiste, en restreignant les informations à « ce qui est réellement essentiel », en gardant « des plages où l'écran est fermé » ou encore par des activités physiques ou relaxantes.
Il s'agit, in fine, de « ne pas se laisser posséder comme on se laisse posséder par des drogues dures ».
Plan d'action pour le CSE
L'employeur doit veiller à la santé et à la sécurité de ses travailleurs en mettant en place des actions de prévention, d'information et de formation. Il doit également évaluer les risques professionnels sur chaque poste de travail. Ces risques sont consignés dans le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP).
En tant qu'élus du CSE, vous avez un rôle clé à jouer, au côté de l’employeur, pour prévenir et gérer le stress numérique. Voici un plan d'action en quatre étapes :
- Sensibilisation : Il est essentiel de sensibiliser les employés et les managers à la problématique du stress numérique. Attirez l’attention de l’employeur sur cette question, communiquez auprès des salariés, expliquez ce qu'est le stress numérique, comment le reconnaître et comment le prévenir,
- Évaluation : Le CSE peut diligenter des enquêtes ou des entretiens pour évaluer le niveau de stress numérique au sein de l'entreprise. Cela permettra d'identifier les sources de stress et les groupes d'employés les plus touchés,
- Politiques de déconnexion : Travailler avec l’employeur sur la politique de déconnexion pour aider les employés à gérer leur temps passé en ligne. Cela peut inclure des règles sur les heures de travail, les pauses, l'utilisation des emails et des messageries instantanées, etc.,
- Soutien et ressources : Fournir des ressources documentaires pour aider les employés à gérer le stress numérique. Faites pleinement jouer son rôle à la commission santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) en lui attribuant des moyens d’action.
Conclusion
Le stress numérique est un défi majeur pour le bien-être au travail à l'ère du numérique. En tant qu'élus du CSE, vous avez la possibilité de faire « la » différence en négociant, avec l’employeur, la mise en place de mesures pour prévenir et gérer ce problème. N'oubliez pas que le bien-être des employés est non seulement une question de santé, mais aussi un facteur clé de la productivité et de la réussite de l'entreprise.
Didier FORNO
Expert-comptable spécialisé dans les CSE
CEOLIS
Publié le 07/07/2023