Pénurie de main-d’œuvre, disparition de certains métiers

Nous vivons dans un monde en évolution rapide. La pandémie de la Covid-19 ayant accéléré ce phénomène. Des métiers vont disparaître, d’autres vont émerger.

Les entreprises sont confrontées à deux problèmes : que faire des personnes occupant des postes en voie de disparition ? Comment recruter sur de nouveaux métiers, alors que la pénurie de main-d’œuvre est criante.

Ces questions graves et vitales pour l’avenir de toute entreprise, concernent aussi les élus du personnel.

Le rôle important des élus du personnel en matière d’évolution des métiers et compétences

La consultation annuelle du CSE (comité social et économique) sur les orientations stratégiques de l'entreprise porte sur les thèmes suivants (C. trav., art. L. 2312-24) :

  • Les orientations stratégiques de l'entreprise, définies par l'organe chargé de l'administration ou de la surveillance de l'entreprise, et sur leurs conséquences sur l'activité, l'emploi, l'évolution des métiers et des compétences, l'organisation du travail, le recours à la sous-traitance, à l'intérim, à des contrats temporaires et à des stages ;
  • La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) ;
  • Les orientations de la formation professionnelle et le plan de développement des compétences.

Le Code du travail est très clair, les élus du CSE sont partie prenante à la gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC). C’est l’avenir de l’entreprise qui est en jeu. La GPEC permet la mise en place de mesures visant à anticiper et adapter la structure des effectifs, ainsi que l'évolution des emplois, des métiers et des compétences au regard des orientations stratégiques de l'entreprise.

La GPEC est une composante de la gestion des emplois et des parcours professionnels et sur la mixité des métiers (GEPPMM), qui porte, notamment sur (C. trav., art. L. 2242-20) :

  • La mise en place d'un dispositif de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC),
  • Les conditions de la mobilité professionnelle ou géographique interne à l'entreprise,
  • Les grandes orientations à trois ans de la formation professionnelle dans l'entreprise et les objectifs du plan de développement des compétences.

 

Quels métiers pour demain ?

FRANCE STRATEGIE apporte un éclairage édifiant sur les bouleversements à venir pour les salariés et les employeurs.

La tertiarisation de l’économie française en sort tout d'abord confirmée. Dans tous les scénarios, deux tiers environ des emplois seraient créés dans les services.

Jean Flamand (Chef de projet chez FRANCE STRATEGIE) précise : « Nous avons notamment mis en évidence deux facteurs ayant un impact important sur les perspectives de recrutementD’abord le vieillissement de la population qui entraîne un fort besoin de main -d’œuvre dans les métiers du soin et de l’aide à la personne : infirmiers, aides-soignants, professions paramédicales… ensuite, la poursuite de la tertiarisation de l’économie qui appelle davantage de métiers à fortes compétences techniques : personnels d’études et de recherche, architectes et cadres du bâtiment, métiers de la banque… Au-delà, tous les métiers de service aux particuliers recrutent : l’hôtellerie et la restauration, le commerce, la coiffure et l’esthétique ».

Sandrine Aboubadra-Pauly (Chef de projet chez FRANCE STRATEGIE) précise : « De nombreuses études montrent que les employeurs attendent de leurs futurs employés qu’ils aient des compétences transversales de base : maîtrise de l’informatique et du numérique, expression orale et écrite correcte, ainsi que des compétences plus complexes à évaluer : la capacité à travailler en groupe ou en équipe, savoir utiliser les « codes sociaux », se conformer aux règles de l’entreprise, faire preuve de créativité, gérer et résoudre des incidents et savoir s’adapter à des aléas, des situations d’urgence, etc…

Ces compétences transversales sont importantes non seulement pour répondre aux attendus d’un poste, mais aussi parce qu’elles sont de vrais outils pour construire son parcours professionnel tout au long de la vie. Les individus sont – par choix ou par contrainte – de plus en plus mobiles. Ils sont amenés à changer de travail ou de métier régulièrement. Le fait de détenir et de pouvoir valoriser ces compétences transversales, communes à de très nombreux métiers et très demandées par les employeurs, constitue donc un atout, pour aller vers des mobilités « choisies » et sécuriser son parcours professionnel ».

 

Les entreprises, les salariés, les élus du personnel, doivent se préparer à ces mutations

Les enjeux de cette évolution des métiers engage l’avenir de entreprise, si ce n’est sa survie. Chefs d’entreprises et élus du personnel doivent prendre conscience de l’importance de cette thématique et bâtir une gestion des emplois et des parcours professionnels à la hauteur des défis qui s’annoncent.

Cette démarche doit permettre de maîtriser les conséquences des changements stratégiques, technologiques et économiques sur l'emploi. Pour l'entreprise, il s'agit de rechercher et de mettre en place les moyens permettant de faire correspondre les compétences des salariés aux besoins futurs. Pour les salariés et les élus du personnel, la démarche consiste en une valorisation et un développement des compétences pour construire un parcours professionnel cohérent et, autant que possible, évolutif.

Didier FORNO

Expert CSE

CEOLIS

Publié le 16/02/2022