Ce n’est sans doute, pas avant plusieurs années, qu’un bilan de l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur les changements dans l’organisation du travail pourra être établi. Toutefois, un fait est avéré, il y aura (si l’on en sort !) un avant et un après-Covid. Les changements sont profonds et seront durables.
Le télétravail a accéléré de déploiement des technologies numériques. Nous assistons à une mutation du monde du travail.
Le développement du travail hybride
Avant la crise de la Covid-19, le télétravail concernait 3 à 5 % des salariés. Il est devenu aujourd’hui massif. Selon certaines estimations, il concernerait un tiers des salariés.
Longtemps sceptiques, employeurs et salariés découvrent les effets bénéfiques du télétravail. Mais ce mode de travail soulève également de nombreuses questions.
Globalement, un consensus se dégage. Le « tout » télétravail n’est pas la solution. Une alternance de présentiel et de télétravail semble être le bon mode de fonctionnement. C’est le travail hybride.
Les avantages pour le salarié
Les bénéfices du travail hybride pour les salariés sont nombreux. Il permet une meilleure conciliation vie privée/vie professionnelle, un élargissement du lieu possible de résidence, une réduction des heures passées dans les moyens de transport, des économies significatives (coût de l’immobilier et du transport).
Les avantages pour l’employeur
Le travail hybride assure à l’entreprise un gain de productivité. Il est en effet avéré que le salarié en télétravail est plus productif, car le salarié est plus épanoui. Ce gain de productivité est aussi en partie lié à un phénomène particulier : le salarié « transforme » une partie des économies de temps de transports induits par le télétravail, en travail effectif. Cette meilleure productivité est aussi le fruit de la généralisation de l’utilisation des technologies numériques.
En réduisant la superficie des locaux utilisés, l’employeur économise de nombreux mètres carrés de bureau. Ce phénomène est particulièrement vrai dans les grandes métropoles, où le prix de l’immobilier atteint des sommets.
De nombreuses questions en suspens
Le faible recul sur la période que nous venons de traverser soulève de nombreuses questions : comment articuler vie privée et vie professionnelle, dans cette nouvelle façon de travailler ? Comment continuer de gérer le collectif de travail ? Comment ne pas tomber dans l’individualisme ? Quelles adaptations pour le management ? Comment maitriser le temps de travail ? Comment adapter la charge de travail ? Quelles conséquences environnementales du télétravail ?
Le travail hybride transforme l’entreprise sur le plan économique et social. La pandémie a eu un effet accélérateur sur la mutation du monde du travail.
Les entreprises devront trouver le juste équilibre dans la relation de travail. Le dialogue social sera intensif dans les prochains mois sur ce thème essentiel. Les entreprises qui sauront négocier en sortiront plus performantes et plus attractives.
Le flex office
L’immobilier d’entreprise est en pleine mutation et doit s’adapter à cette nouvelle donne qu’est le travail hybride. L’enjeu est important : l’immobilier est la deuxième dépense la plus importante d’une entreprise, après les salaires.
Le travail hybride passe, nous l’avons vu, par une réduction des surfaces utilisées. Cette évolution engendre souvent une réorganisation des espaces et une disparition des bureaux personnels.
Les défis sont nombreux : comment préserver la vie privée des salariés dans des espaces partagés ? Comment dimensionner au mieux le nombre de postes de travail ? Comment intégrer ces changements dans une démarche environnementale ? Comment gérer les informations confidentielles dans ces espaces communs ?
L’autre défi sera la préservation de la santé des salariés dans ce nouvel environnement. En effet, le flex office peut engendrer un risque d’isolement pour le salarié et dégrader sa santé mentale.
Le rôle des élus du personnel
La mise en place du télétravail sous une forme hybride, nécessite une consultation préalable du CSE (comité social et économique) et l’intervention, si elle existe, de la CSSCT (commission santé, sécurité et conditions de travail). Avec la nouvelle loi Climat et résilience, la consultation devra également porter sur les conséquences environnementales du télétravail.
La mise en place du fex office nécessite aussi l’information/consultation préalable du CSE. La CSSCT sera impliquée dans la mise en place du projet. Là aussi, les conséquences environnementales de cette nouvelle organisation devront être analysées.
L’employeur sera tenu de mettre à jour le document unique d’évaluation des risques (DUER).
Le changement est en marche
Difficile de dire, à ce stade, comment sera le monde du travail demain. De nombreuses entreprises sont en pleine « expérimentation ». Les syndicats devront négocier. Le législateur devra intervenir, pour réguler ces changements. Une chose est sûre : le processus est en marche.
Didier FORNO
CEOLIS
Expert-comptable du CSE
Publié le 21/12/2021